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La route s’étire devant nous, blanche et sinueuse, bordée de collines enneigées qui scintillent sous la lumière tamisée d’un après-midi voilé de nuages.
Un silence enveloppe l’habitacle, uniquement troublé par le vrombissement du moteur et le glissement des pneus sur la neige tassée.
Ryun, concentré sur la route, ne dit rien.
Je sens parfois son regard sur moi, mais je garde les yeux rivés à la vitre.
Mes pensées se bousculent, pleines de questions que je n’ose poser...
L’atmosphère est trop lourde pour être brisée.
À quoi pense-t-il ? Est-ce que tout ce qui vient de se passer l’a ramené à des souvenirs douloureux ?
Une partie de moi veut savoir, mais je choisis de me taire...
Le paysage défile, hypnotique.
Les ombres des arbres nus dansent sous la lumière des phares, projetant des formes étranges.
Je dessine machinalement sur la buée formée par mon souffle sur la vitre, cherchant à apaiser l’agitation qui gronde en moi.
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Après un long moment, Ryun ralentit et s’arrête dans un petit village endormi.
Nous entrons dans un restaurant modeste, illuminé par des lanternes suspendues.
L’intérieur est chaleureux, mais je ne ressens rien de cette chaleur.
Nous nous asseyons près d’une fenêtre, où la vue sur la neige ajoute une quiétude étrange à ce moment.
Ryun commande deux plats simples.
Lorsque la nourriture arrive, je me force à manger.
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Les morceaux que je porte à ma bouche semblent sans saveur, mais je souris, essayant de masquer mon manque d’appétit.
Ryun:
— Tu aimerais autre chose ? demande-t-il calmement, son regard inquiet fixé sur moi.
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Je secoue la tête, esquissant un sourire.
Bora:
— Non, c’est parfait. C’est vraiment bon, merci.
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Il me regarde un instant de plus, puis détourne les yeux.
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***
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Après le repas, alors que nous quittons le restaurant, il s’arrête à une boutique voisine et revient avec un sachet qu’il me tend.
Ryun:
— Tiens, dit-il simplement. Pour plus tard, au cas où tu aurais faim.
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Je prends le sachet, murmurant un “merci” presque inaudible.
Son geste me touche, mais je n’arrive toujours pas à formuler tout ce que j’aimerais lui dire.
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Nous reprenons la route...
La voiture serpente désormais entre des montagnes aux flancs enneigés, les virages serrés exigeant toute l’attention de Ryun.
La lumière des phares éclaire les pentes abruptes et les ravins bordés de glace.
Heureusement, il a cessé de neiger...
Je m’accroche discrètement à l’accoudoir, retenant mon souffle à chaque virage.
La tension entre nous reste palpable, mais aucun de nous ne tente de la dissiper.
Peut-être que les vraies discussions devront attendre.
Pour l’instant, je me contente de regarder le paysage, en espérant que ce silence porte en lui un semblant de réconfort.
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La voiture ralentit, ses phares éclairant l’entrée d’un village niché entre les montagnes.
La route s’arrête ici, à l’abri de hautes murailles en bois qui protègent le village du monde extérieur.
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À travers le portail ouvert, des maisons en bois apparaissent, simples mais harmonieuses, recouvertes d’une fine couche de neige.
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La lumière des lanternes suspendues éclaire doucement les ruelles pavées, où l’air glacial semble figé dans le temps.
Plus loin, le sanctuaire principal domine le paysage, imposant avec ses colonnes en bois poli et ses toits recourbés.
Tout ici respire une tranquillité presque surnaturelle, amplifiée par le silence des habitants qui se déplacent doucement, emmitouflés dans des vêtements traditionnels...
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Ryun gare la voiture près d’une petite maison en bois à l’entrée du village.
Lorsque le moteur s’éteint, le silence devient presque assourdissant...
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Je sors du véhicule, enroulée dans la petite couverture, et inspire profondément.
L’air est glacé, pur, mais il y a aussi une sensation étrange : celle d’avoir pénétré un lieu qui ne ressemble à aucun autre.
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Un garçon d’une dizaine d’années, vêtu d’une tunique beige un peu trop large pour lui, s’arrête en plein milieu de la cour enneigée.
Son visage curieux et souriant se tourne vers nous...
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Ryun avance d’un pas, s’incline légèrement et demande d’une voix calme :
Ryun:
— Le maître Kaelios est-il ici ?
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Le garçon pointe du doigt une maison plus grande que les autres, à l’écart, puis court dans cette direction, ses petites jambes s’agitant rapidement dans la neige.
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Quelques instants plus tard, un homme sort de la maison...
Son crâne rasé brille légèrement sous la lumière grise du jour, et il porte une robe ample, grise elle aussi.
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Son visage s’illumine lorsqu’il aperçoit Ryun.
Maitre Kaelios:
— Ryun ! s’exclame-t-il en ouvrant les bras avec un sourire chaleureux. Que tu as grandi !
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Ryun incline légèrement la tête avec respect avant de répondre :
Ryun:
— Maître Kaelios... Cela fait bien longtemps.
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Maitre Kaelios:
— Trop longtemps ! renchérit le maître en posant une main amicale sur l’épaule de Ryun. La dernière fois que je t’ai vu, tu n’étais qu’un garçon.
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Ryun recule légèrement pour me désigner d’un geste de la main.
Ryun:
— Voici Bora, dit-il d’un ton respectueux. Elle est sous ma protection.
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Le maître tourne un regard bienveillant vers moi, son sourire s’élargissant légèrement.
Maitre Kaelios:
— Bienvenue, Bora. Le sanctuaire est un lieu de paix et de renouveau. Vous êtes ici chez vous.
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Je m’incline légèrement, troublée par sa présence apaisante.
Kaelios se tourne ensuite vers le garçon qui se tient derrière lui, un sourire complice sur les lèvres.
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Maitre Kaelios:
— Et voici Jun, mon jeune compagnon ici au sanctuaire.
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Jun incline la tête timidement mais garde un sourire espiègle...
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Maitre Kaelios:
— Venez, entrez, reposez-vous. Le voyage a dû être long, ajoute le maître en nous invitant d’un geste vers sa maison.
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L’intérieur de la maison est chaleureux et accueillant, un contraste saisissant avec le froid glacial de l’extérieur.
Les murs en bois sombre sont ornés de calligraphies délicates et de peintures représentant des montagnes enneigées et des scènes de nature sereine.
Un feu crépitant dans une cheminée traditionnelle réchauffe agréablement la pièce.
Le sol est recouvert de tatamis impeccablement disposés, invitant à s’asseoir sur les coussins placés autour d’une table basse en bois.
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Le maître nous invite à nous asseoir et se dirige calmement vers une petite cuisine adjacente pour préparer du thé.
Ses gestes précis et mesurés dégagent une sérénité impressionnante.
Lorsqu’il revient, il dépose un plateau sur la table, contenant une théière en céramique et des tasses finement sculptées.
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Il s’installe face à nous, son sourire bienveillant adoucissant l’atmosphère.
Maitre Kaelios:
— Le trajet jusqu’ici est souvent long et épuisant, dit-il doucement en posant ses mains sur ses genoux. Vous avez pu manger en route ?
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Ryun acquiesce d’un signe de tête, jetant un rapide coup d’œil dans ma direction avant de répondre :
Ryun:
— Oui, nous nous sommes arrêtés dans un petit restaurant sur le chemin.
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Le maître esquisse un sourire tout en versant le thé dans les tasses.
Maitre Kaelios:
— Parfait... Alors profitez de ce thé pour vous réchauffer, dit-il en poussant délicatement une tasse vers moi. Ce breuvage est préparé avec des plantes rares qui poussent uniquement ici, dans les montagnes. Il calme les esprits troublés et apaise les appétits destructeurs.
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Je prends la tasse entre mes mains, la chaleur me réconfortant instantanément.
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Ses paroles éveillent ma curiosité, et je lève légèrement les yeux vers lui.
Maitre Kaelios:
— Ici, nos repas sont très simples, poursuit-il. Les vampires et les hybrides n’ont pas besoin de nourriture traditionnelle comme vous, mademoiselle Bora... Ce thé et d’autres infusions similaires suffisent à maintenir leur équilibre... Nous apprenons à vivre en harmonie avec nos besoins réels, en nous détachant des désirs superflus.
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Il se tourne ensuite vers moi, son sourire s’élargissant.
Maitre Kaelios:
— Mais vous êtes humaine, et j’ai pris soin de préparer des fruits frais, du riz, et quelques légumes simples pour vous... Cela ne sera peut-être pas aussi élaboré que ce à quoi vous êtes habituée, mais cela devrait suffire.
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Je baisse les yeux vers ma tasse, touchée par son attention.
Bora:
— Merci beaucoup, maître, dis-je doucement. C’est très aimable de votre part.
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Il répond par un rire chaleureux.
Maitre Kaelios:
— Vous êtes ici pour trouver votre équilibre, mademoiselle Bora. Ce lieu est fait pour cela. Il n’y a aucun désagrément.
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Il désigne le thé d’un geste calme.
Maitre Kaelios:
— Buvez. Cela vous fera du bien.
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Je porte la tasse à mes lèvres, appréciant l’arôme herbacé qui s’en dégage.
La chaleur du thé et l’ambiance apaisante de la pièce dissipent une partie de la tension qui m’accompagne depuis notre arrivée.
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Ryun, assis à mes côtés, reste silencieux, mais son regard, empli d’une étrange tranquillité, ne me quitte pas.
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Le maître se redresse, un sourire chaleureux éclairant son visage.
Avec des gestes mesurés, il se dirige vers une pièce adjacente et revient en portant deux ensembles soigneusement pliés.
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Il pose l’un devant Ryun et l’autre devant moi, avant de s’asseoir à nouveau.
Maitre Kaelios:
— Voici les vêtements que je vous demande de porter ici, annonce-t-il doucement. Ils symbolisent la simplicité et l’humilité de cet endroit. Une fois changés, vous serez prêts à commencer votre séjour parmi nous.
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Il marque une pause, croisant ses mains sur ses genoux avant de poursuivre :
Maitre Kaelios:
— Quant à vos affaires personnelles, je vous demanderai de les laisser ici. Cela inclut vos appareils électroniques et autres objets modernes. Ils ne sont pas nécessaires dans cet environnement, et il est important de vous détacher de tout ce qui pourrait perturber votre esprit.
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Je lance un regard à Ryun, incertaine.
Il me répond d’un hochement de tête, comme pour m’encourager à ne pas m’inquiéter.
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Après un instant de réflexion, il prend la parole.
Ryun:
— Très bien. Mais avant de tout laisser, Bora doit passer un dernier appel à sa mère pour l’informer qu’elle ne pourra pas répondre pendant un moment, dit-il d’une voix calme mais ferme.
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Le maître hoche la tête avec compréhension.
Maitre Kaelios:
— Bien sûr. Vous pouvez utiliser le téléphone fixe, là-bas, ajoute-t-il en désignant une table en bois sur laquelle repose un ancien téléphone.
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Je me lève et me dirige vers le téléphone pendant que Ryun se prépare à sortir pour récupérer nos affaires dans la voiture.
J’appelle ma mère et, après quelques sonneries, sa voix douce mais inquiète résonne à l’autre bout du fil.
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Je la rassure du mieux que je peux, lui expliquant que je vais bien et que je l’appellerai dès que possible.
Je sens son inquiétude dans sa voix tremblante, et mon cœur se serre.
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Un silence plane avant qu’elle ne murmure :
Maman:
— Prends soin de toi, ma chérie. Et rappelle-moi dès que tu peux.
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Bora:
— Promis, répondis-je, un nœud dans la gorge. Toi aussi, repose-toi bien.
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Maman:
— Je t’aime, Bora.
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Je ferme les yeux, inspirant profondément avant de répondre :
Bora:
— Moi aussi, maman.
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Je raccroche, mes doigts encore crispés autour du combiné.
Une étrange sensation de vide m’envahit. L’éloignement rend tout plus difficile, amplifiant l’envie irrépressible de se blottir contre ceux qu’on aime.
Un bruit de pas derrière moi me fait sursauter.
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Je me retourne et vois Ryun entrer, portant deux sacs à dos.
Ryun:
— On n’a pas grand-chose, confia-t-il d’une voix douce, un sourire rassurant éclairant son visage. Les valises sont restées chez moi.Lee Ji-hoon devait nous les expédier demain, mais il semble qu’on n’en aura finalement pas besoin.
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Je hoche la tête, un mince sourire flottant sur mes lèvres.
Bora:
— Merci, murmurai-je, reconnaissante pour sa présence rassurante.
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Je remarque que son sourire s’efface peu à peu.
Ryun me fixe, ses yeux scrutant mon visage comme s’il cherchait à comprendre quelque chose.
Il s’attarde sur mes yeux, et je réalise que mes larmes brillent encore sous la lumière tamisée...
Gênée, je détourne le regard et essuie rapidement mes joues du revers de la main, tâchant de masquer mon trouble avec un sourire forcé.
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Il reste silencieux, comme s’il hésitait à parler, mais avant qu’il ne puisse dire quoi que ce soit, le maître entre dans la pièce, un sourire chaleureux sur le visage.
Maitre Kaelios:
— Parfait, dit-il en tendant les bras vers les sacs. Maintenant, laissez-moi vous montrer où vous allez vous installer.
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Il s’apprête à attraper les sacs, mais Ryun fait un pas en avant, levant une main pour l’arrêter.
Ryun:
— Excusez-moi, maître, dit-il avec un ton sérieux, mais il y a un médicament important dans le sac. Bora doit absolument le prendre.
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Le maître s’arrête, son sourire s’atténuant légèrement...
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Il tourne la tête vers Ryun, son regard curieux mais toujours bienveillant.
Maitre Kaelios:
— Des médicaments ? reprend-il, le ton empreint d’un mélange d’intérêt et de réflexion. De quoi s’agit-il exactement ?
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Ryun inspire profondément, comme pour choisir soigneusement ses mots, avant de se tourner vers le maître.
Ryun:
— Bora prend ces médicaments pour calmer sa fausse soif... Je vous en ai parlé lors de notre dernier appel. Cela l’aide à stabiliser son état...
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Le maître hoche légèrement la tête, comme s’il s’en souvenait, mais son sourire s’élargit, empreint d’une sérénité presque désarmante.
Maitre Kaelios:
— Ahhh, je vois, dit-il d’un ton apaisant. Mais elle n’aura pas besoin de cela ici. Vous savez, de nombreux vampires viennent dans ce sanctuaire pour apprendre à calmer leur soif, même dans des situations extrêmes. Je suis sûr que mademoiselle Bora pourra surpasser cela rapidement, n’est-ce pas ?
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Son regard bienveillant se pose sur moi, mais ses paroles me plongent dans une réflexion agitée.
Surpasser cela ? Est-ce vraiment possible ? Mon cœur se serre légèrement à cette pensée.
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Ryun, cependant, n’a pas l’air aussi confiant...
Il fronce légèrement les sourcils, ses yeux trahissant une pointe d’inquiétude.
Ryun:
— Maître, c’est... un peu plus compliqué que ça, dit-il en pesant chaque mot. Si Bora ressent cette soif de manière trop intense, cela pourrait la rendre vulnérable... et l’entité en elle pourrait essayer de reprendre le contrôle.
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Un silence s’installe, lourd de tension.
Le maître reste immobile, les mains croisées dans une posture de réflexion.
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Puis, doucement, il acquiesce, un air de compréhension éclairant son visage.
Maitre Kaelios:
— Hmmm... je vois... Attendez un instant, dit-il calmement.
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Il se lève, traverse la pièce avec une fluidité tranquille et disparaît dans une petite chambre attenante.
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Quelques instants plus tard, il revient, tenant une petite boîte en bois, joliment sculptée, qu’il tend vers moi.
Maitre Kaelios:
— Tiens, dit-il avec un sourire rassurant.
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J’ouvre la boîte, et mes yeux s’écarquillent de surprise en découvrant le contenu.
Un bracelet finement sculpté repose à l’intérieur, sa teinte verte brillante sous la lumière tamisée.
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Bora:
— C’est... du jade ? murmurai-je, la bouche légèrement ouverte.
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Le maître incline la tête, son sourire s’adoucissant.
Maitre Kaelios:
— Oui, c’est un bracelet très ancien, murmure-t-il. Il a une énergie protectrice puissante. Il t’aidera à contenir cette entité en toi, mais seulement temporairement. Il ne pourra pas te protéger indéfiniment.
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Ryun intervient immédiatement, sa voix empreinte d’une inquiétude palpable.
Ryun:
— Combien de temps ? demande-t-il.
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Le maître marque une pause, réfléchissant, avant de répondre avec calme.
Maitre Kaelios:
— Cela dépend. Plus l’entité essaie de reprendre le contrôle, plus le bracelet perd de son énergie. En moyenne, il pourrait durer trois jours... peut-être un peu plus, ou un peu moins, selon les circonstances.
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Je regarde le bracelet avec une curiosité mêlée d’appréhension.
Sa beauté ancienne est fascinante, mais le poids de ce qu’il représente est lourd.
Je le prends délicatement entre mes doigts, hésitant à le passer à mon poignet.
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Ryun observe en silence, sa tension palpable, tandis que le maître garde son sourire apaisant, comme si rien ne pouvait troubler sa sérénité.
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Le maître se dirigea vers la porte avec des gestes mesurés et un sourire empreint de chaleur.
Maitre Kaelios:
— La nuit est tombée, annonça-t-il calmement. Ici, le repos est essentiel. Nous nous levons tôt, et demain, je vous expliquerai les prochaines étapes... Mais avant cela, il est important de vous purifier dans le bain chaud.
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Sa voix apaisante semblait se fondre parfaitement dans l’atmosphère paisible qui régnait autour de nous.
En silence, nous le suivîmes, chacun portant notre tenue dans les bras.
Après une courte marche, nous atteignîmes deux petites maisons en bois, modestes mais élégantes.
Leurs toits incurvés et les lanternes suspendues à l’entrée rappelaient l’architecture coréenne traditionnelle, ajoutant une touche chaleureuse à l’endroit.
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Le maître s’arrêta devant les deux logements et, se tournant vers nous, sourit avec bienveillance.
Maitre Kaelios:
— Voici vos chambres, dit-il en désignant les petites maisons. Elles sont modestes, mais j’espère qu’elles seront à votre convenance. Le bain chaud se trouve juste derrière cet arbre imposant, ajouta-t-il en pointant un grand chêne à quelques pas. Ce n’est pas loin, mais il faudra marcher un peu.
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Après un bref silence, il reprit, son sourire s’élargissant légèrement :
Maitre Kaelios:
— Reposez-vous bien. Demain, une longue journée vous attend.
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D’un pas lent et mesuré, il tourna les talons, ses mains croisées dans son dos, et s’éloigna, laissant derrière lui une impression de sérénité apaisante.
Le maître, d’un pas lent et mesuré, tourna les talons, ses mains croisées dans son dos, et s’éloigna, laissant derrière lui une impression de sérénité apaisante.
Je jetai un regard curieux à la petite maison qui m’était désignée, un sourire léger flottant sur mes lèvres.
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Intriguée, je me dirigeai vers l’entrée, mais avant que je ne puisse ouvrir la porte, la voix de Ryun retentit derrière moi.
Ryun:
— Bora... si tu as besoin de quoi que ce soit, n’hésite pas à me le demander, d’accord ?
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Je me tournai vers lui, surprise par la douceur de son ton. Il me regardait avec une sincérité désarmante.
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Avec un sourire timide, je secouai légèrement la tête en guise de réponse.
Bora:
— D’accord, murmurai-je doucement.
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Je franchis la porte, laissant mes pensées dériver sur ce lieu simple mais chargé de calme, et m’apprêtai à m’installer dans ce nouvel environnement.
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***
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Après quelques minutes passées dans la petite maison, une sensation de calme commença à s’installer en moi.
L’atmosphère apaisante du lieu dissipait peu à peu le stress et la peur qui m’avaient envahie en arrivant.
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Mais alors que je commençais à me détendre, une autre sensation prit le dessus : la faim...
Mon regard se posa sur un bol de fruits disposé sur une petite table en bois.
J’en pris un et croquai doucement dedans, savourant la simplicité de ce geste.
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La fatigue, quant à elle, ne tarda pas à se faire sentir...
Je m’allongeai un instant pour m’étirer, laissant mes muscles tendus se relâcher.
Mais alors que je me laissais presque emporter par la torpeur, je me rappelai que je devais me laver avant de changer pour porter l’uniforme que le maître nous avait donné.
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Je pris les vêtements en main et sortis de la maison.
Le ciel s’était assombri, et un épais brouillard blanc avait envahi les lieux, enveloppant tout dans une aura mystérieuse...
L’air était frais, mais pas glacial, et la visibilité réduite rendait les environs presque irréels.
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Je m’arrêtai un instant sur le seuil, hésitant...
La route devant moi semblait floue, presque effacée par cette mer de brume.
Comment allais-je trouver mon chemin dans de telles conditions ?
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L’idée de demander de l’aide à Ryun me traversa l’esprit.
Je tournai légèrement la tête vers sa porte, mais quelque chose m’en empêcha.
Je n’osais pas. Peut-être parce que je voulais éviter de le déranger... ou de montrer mon hésitation.
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Cependant, avant que je ne puisse me décider, des bruits de pas résonnèrent derrière moi, brisant le silence.
Je me retournai instinctivement, sur mes gardes.
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En me retournant, je vis le petit Jun qui s’approchait avec un grand sourire.
Jun:
— Oh ! Bonsoir, dit-il avec enthousiasme.
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Je lui rendis son sourire.
Bora:
— Excuse-moi, Jun... Tu sais où se trouve le bain chaud ? demandai-je avec une pointe d’hésitation.
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Il hocha vivement la tête, ses yeux pétillants.
Jun:
— Bien sûr ! Je vais te montrer.
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Je souris légèrement, amusée par son enthousiasme.
Bora:
— Merci.
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Après quelques minutes de marche, Jun s’arrêta enfin devant un petit bâtiment en bois, à peine visible à travers la brume.
Une lanterne vacillante, accrochée près de l’entrée, projetait une lumière faible mais réconfortante.
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Jun:
— C’est ici, dit-il avec un sourire, désignant l’entrée. Tu peux déposer tes affaires dans le local juste là... Avant d’aller dans le bain, il y a une douche où tu peux te laver... Sur l’étagère, tu trouveras un savon à base d’herbes locales, c’est ce qu’on utilise ici... Le bain se trouve juste derrière.
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J’hésitai un instant avant de demander :
Bora:
— Et pour les femmes... c’est de quel côté ?
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Jun sembla légèrement embarrassé, mais il garda son sourire.
Jun:
— Désolé, c’est un bain mixte ici... Mais ne t’inquiète pas, à cette heure-ci, tout le monde est rentré dormir. Tu seras seule.
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Ma surprise fut visible.
Bora:
— Un bain mixte ? Mais alors, les femmes... comment font-elles ?
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Jun:
— Elles viennent tôt le matin, répondit-il simplement.
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Je soupirai doucement, réalisant que je n’avais pas d’autre choix.
Bora:
— Mais... je suppose que je dois me laver avant de me changer.
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Jun:
— Ne t’inquiète pas, je vais rester ici pour surveiller, au cas où, dit-il avec une assurance étonnante.
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Un sourire naquit sur mes lèvres à sa proposition.
Bora:
— Merci, Jun. C’est très gentil. Je ne serai pas longue.
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Alors que je m’apprête à franchir la porte du local, il s’écrie soudain :
Jun:
— Ah, au fait ! Il y a des serviettes propres sur l’étagère, juste à droite en entrant.
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Je me retourne brièvement et hoche la tête.
Bora:
— C’est noté.
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Je pousse la porte du local, une petite pièce simple et fonctionnelle, éclairée par une faible lumière.
À l’intérieur, des étagères en bois rangées avec soin et des crochets le long des murs pour suspendre les vêtements.
Je dépose mes affaires dans un coin, gardant les vêtements propres près de moi, puis me dirige vers la douche.
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L’eau chaude jaillit rapidement, créant une vapeur apaisante qui se mélange à l’air frais.
Je prends le savon posé sur l’étagère, un savon naturel à base d’herbes locales.
Son parfum est subtil mais envoûtant, un mélange de menthe, de lavande et de quelque chose d’un peu terreux, presque boisé.
Je frotte doucement, appréciant la sensation du savon contre ma peau et l’odeur qui m’apaise instantanément.
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Le stress accumulé semble se dissoudre avec chaque goutte qui glisse sur moi, remplacé par une étrange sérénité.
Une fois propre et enveloppée dans la chaleur de la vapeur, je me sens presque prête à affronter ce lieu hors du commun...
Je m’enveloppai dans une serviette douce et propre, profitant encore un instant de l’odeur apaisante des herbes qui émanait du savon.
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***
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L’air frais de l’extérieur me saisit légèrement lorsque je franchis la porte située à l’arrière du local.
Le bain chaud était enveloppé d’un épais brouillard, où vapeur et obscurité se mêlaient dans une ambiance irréelle.
La lumière vacillante des lanternes révélait à peine la surface miroitante de l’eau.
Avançant lentement sur les dalles froides et humides, je sentis le contraste saisissant entre l’air frais et la chaleur apaisante qui émanait du bassin.
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Arrivée au bord, j’observai les marches immergées qui descendaient dans l’eau fumante.
Je posai un pied avec précaution sur la première marche, la chaleur agréable enveloppant aussitôt ma peau.
Une fois complètement immergée jusqu’aux épaules, une sensation de détente immédiate me parcourut, effaçant la tension accumulée pendant le trajet.
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Je levai les yeux, mais le brouillard m’empêchait de distinguer quoi que ce soit au-delà de quelques mètres.
Une tranquillité absolue régnait, seulement troublée par le léger clapotis de l’eau autour de moi.
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Je pris une grande inspiration, laissant l’air chaud et humide remplir mes poumons.
Mes paupières se fermèrent doucement, et une sensation de bien-être profond commença à m’envelopper.
Pour la première fois depuis des jours, je me sentais légère, presque en paix.
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La chaleur de l’eau semblait pénétrer jusqu’à mes os, chassant les tensions accumulées.
Je glissai mes mains dans l’eau, la portant lentement à mes épaules pour sentir la chaleur se répandre sur ma peau.
Une douceur réconfortante, presque maternelle.
Instinctivement, un air familier me revint en tête...
Sans m’en rendre compte, je commençai à fredonner une mélodie douce, une chanson que ma mère chantait souvent lorsqu’elle me berçait enfant.
Le son léger de ma voix se mélangeait aux murmures de l’eau, se perdant dans le brouillard dense qui m’entourait.
C’était comme si ce lieu, hors du temps, me permettait d’oublier, ne serait-ce qu’un instant, les épreuves à venir.
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Tout à coup, une ondulation dans l’eau attira mon attention.
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Mon cœur manqua un battement, et une vague de panique monta en moi.
Bora:
— Qui est là ? m’écriai-je, la voix tremblante.
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Je regardai autour de moi, mais le brouillard était si dense que je ne distinguais rien.
Mon regard se posa brièvement sur ma serviette, posée trop loin pour que je puisse l’atteindre sans sortir de l’eau.
Je réalisai avec horreur que je n’avais rien sur moi, complètement nue et vulnérable...
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Une silhouette émergea alors lentement de la brume.
Je reculai instinctivement, mais ma peur se transforma en stupeur en reconnaissant Ryun...
Son torse, brillant sous la lumière tamisée, était parfaitement sculpté, chaque muscle mis en valeur par l’eau qui ruisselait.
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Je croisai mes bras devant moi pour me protéger, mon visage rouge de gêne.
Bora:
— Ne regarde pas, stp... lâchai-je d’une petite voix.
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Ryun détourna immédiatement le regard, levant légèrement les bras en signe de reddition.
Ryun:
— Hey, calme-toi. Avec ce brouillard, je ne vois absolument rien, dit-il d’une voix amusée, en s’éloignant un peu.
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Je sentis une colère mêlée de gêne monter en moi.
Bora:
— Mais qu’est-ce que tu fais ici ? Pervers !
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Ryun éclata d’un rire bref avant de répondre :
Ryun:
— Moi, pervers ? C’est toi la perverse. J’étais là avant toi.
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Je bégayai, tentant de trouver une réplique.
Bora:
— Mais... mais... Jun m’a dit qu’il n’y avait personne ici !
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Ryun haussa les épaules, un sourire narquois sur les lèvres :
Ryun:
— Je n’ai vu personne en arrivant. Et c’est écrit clairement sur la plaque que les bains sont réservés aux femmes le matin. Voilà pourquoi je n’ai rien dit.
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Je baissai la tête, honteuse et confuse, incapable de trouver quoi répondre.
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Après un moment de silence, Ryun soupira doucement, sa voix devenant plus calme :
Ryun:
— Ce n’est pas grave, Bora. Je suis loin, et je te promets que je ne vois rien.
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Je relâchai un peu ma tension et soupirai à mon tour.
Bora:
— C’est la première fois que tu viens dans ce sanctuaire ? demandai-je timidement.
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Ryun resta silencieux un instant avant de répondre :
Ryun:
— Oui, la première fois.
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Je réfléchis un moment, puis murmurai :
Bora:
— Je suis désolée... À cause de moi...
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Mais il me coupa avant que je puisse finir ma phrase :
Ryun:
— Hmm... Franchement, j’ai voulu venir ici depuis très longtemps, répondit-il après un moment d’hésitation. J’ai toujours pensé que cet endroit pouvait m’apporter quelque chose... et je crois que maintenant, c’est le bon moment.
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Son ton sincère me surprit.
Je levai les yeux, espérant apercevoir quelque chose à travers la brume, mais il ne restait que le vide, impénétrable.
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Un silence pesant s’installa après mes dernières paroles.
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Je pris une profonde inspiration, rassemblant mon courage.
Bora:
— Ryun ? Je peux te poser une question ? murmurai-je, hésitante.
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Il resta silencieux un moment, puis répondit d’une voix douce mais attentive :
Ryun:
— Oui, bien sûr.
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J’hésitai, ma gorge nouée par l’appréhension, mais je finis par demander :
Bora:
— C’était quoi le sujet de la prophétie ?
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Je vis Ryun soupirer, l’air agacé.
Ryun:
— Bora, ne te mets pas ces idées dans la tête... répondit-il, sa voix plus sèche que d’habitude. Ce ne sont que des conneries d’un sorcier qui n’a rien à faire dans la vie, si ce n’est pourrir celle des autres.
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Son ton brusque me fit reculer légèrement...
Je pouvais sentir qu’il détestait aborder ce sujet, mais je ne pouvais pas m’arrêter là...
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Bora:
— Donc, tu es sûr que c’est faux ? Que rien ne va m’arriver ? demandai-je, ma voix trahissant mon inquiétude.
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Ryun se tourna légèrement, sa voix s’adoucissant un peu :
Ryun:
— Bien sûr... Je crois en cet endroit, Bora. Tu verras, tout va bien se passer. Le maître Kaelios est excellent dans ce qu’il fait.
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Je fermai les yeux un instant, souhaitant de tout mon cœur que ses paroles soient vraies.
Mais soudain, une douleur aiguë surgit dans ma poitrine...
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Un battement désordonné et puissant. Je criai de surprise et de douleur.
Bora:
— Aïe !
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Ryun, alarmé, se retourna immédiatement.
Ryun:
— Bora ! Qu’est-ce qu’il y a ?
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Bora:
— Je... Je ne sais pas... dis-je, la respiration saccadée, ma main pressée contre ma poitrine.
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Il s’approcha rapidement dans l’eau, sa silhouette se rapprochant dans la brume.
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Sa voix était tendue, mais protectrice :
Ryun:
— Respire doucement... Regarde-moi, Bora.
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Il était maintenant juste en face de moi, ses mains frôlant mes épaules pour m’apaiser.
Ryun:
— Qu’est-ce que tu ressens ? décris-moi ce qui se passe, dit-il, sa voix ferme mais réconfortante.
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Je serrai les dents, essayant de comprendre cette douleur inexplicable.
Bora:
— Mon cœur... Ça bat... tellement fort... C’est comme s’il allait exploser...
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Ryun fronça les sourcils, visiblement préoccupé.
Ryun:
— C’est peut-être la tension qui relâche. Tu es fatiguée, Bora. Respire avec moi. Inspire... doucement... expire.
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Je suivis son rythme, m’efforçant de me calmer.
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La douleur se dissipa lentement, mais mon corps tremblait encore.
Ryun:
— Ça va mieux ? demanda-t-il, ses yeux scrutant les miens pour s’assurer que je tenais bon.
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J’hochai la tête faiblement, incapable de parler pour l’instant.
Ses mains restèrent sur mes épaules, un ancrage rassurant dans ce moment troublant.
Je relevai lentement les yeux et croisai son regard, son visage si proche que je pouvais sentir la chaleur de sa présence.
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Surprise, je m’enveloppai instinctivement de mes bras, consciente de ma vulnérabilité.
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Ryun, visiblement gêné, détourna légèrement les yeux avant de s’asseoir à côté de moi dans l’eau.
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Un silence s’installa, lourd et électrique...
Ryun était resté là, plus proche que jamais, et mon cœur battait à un rythme irrégulier, un mélange de nervosité et de cette étrange sensation que je n’osais nommer.
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Je pouvais sentir son regard sur moi, une attention silencieuse et troublante qui semblait effleurer la courbe de mon épaule et ma nuque.
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Fixant désespérément l’eau devant moi, je tentai de calmer cette tension qui semblait s’intensifier.
Tout à coup, il bougea...
Sa main effleura doucement mon visage, repoussant une mèche de cheveux trempée collée à ma joue.
Je levai les yeux, surprise, et nos regards se croisèrent.
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Ryun me fixait, ses yeux d’or brillants d’une intensité troublante.
Mon souffle se bloqua.
Mon cœur, lui, tambourinait frénétiquement dans ma poitrine.
Son visage était si proche.
Trop proche.
Lentement, il leva une main, et la chaleur de ses doigts effleura ma peau.
Son souffle chaud se mélangeait à l’humidité de l’air, et je sentais mon esprit vaciller, incapable de formuler une pensée cohérente.
C’était comme si le monde entier disparaissait autour de nous, ne laissant que cet instant suspendu entre lui et moi.
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Son visage s’approcha encore, ses lèvres effleurant presque les miennes.
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Soudain, il recula brusquement, rompant ce moment fragile.
Ryun:
— Merde... murmura-t-il entre ses dents, sa voix teintée de frustration.
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Il se leva précipitamment, l’eau éclaboussant autour de lui.
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J’eus à peine le temps de détourner les yeux, mais pas assez vite pour éviter d’apercevoir son torse ruisselant, ses muscles tendus par l’émotion.
Ryun:
— Je... Je dois sortir d’ici, dit-il, sa voix rauque et tremblante malgré ses efforts pour paraître calme.
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Je suivis des yeux son dos sculpté, brillant encore sous l’eau, tandis qu’il s’éloignait lentement.
La brume, épaisse et mystérieuse, enveloppa rapidement sa silhouette, brouillant mes pensées autant que ma vision.
Sentant une gêne monter en moi, je détournai précipitamment le regard..
Le son de ses pas résonna doucement sur les marches, s’effaçant peu à peu tandis qu’il s’éloignait.
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Seule dans le bain, je restai immobile, le cœur toujours en proie à un chaos indescriptible.
Je portai une main tremblante contre ma poitrine, comme pour calmer cette tempête qui grondait en moi.
Qu’est-ce que c’était ?
Pourquoi ai-je laissé ça arriver ?
Mon esprit s’embrase de questions et de reproches.
Comment ai-je pu être si faible ? Nous venons à peine d’arriver, et voilà que je risque déjà de tout gâcher...
Ce sanctuaire est censé m’aider à me purifier, pas à succomber à des émotions insensées.
Je me maudis intérieurement, terrifiée à l’idée que ces sentiments puissent tout compromettre.
Je fermai les yeux, inspirant profondément, essayant de retrouver mon calme...
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